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Archives de Catégorie: Porter… et lire

Notes de lecture : Planète maternage, Catherine Piraud-Rouet

Planète maternage, choisir d’élever ses enfants autrement, Catherine Piraud-Rouet

Marabout, 2008, 348 pages

Cet ouvrage a pour ambition de faire un tour d’horizon des pratiques dites « maternantes ».

Après une mise en contexte visant à définir le maternage, son histoire et le profil des maternantes, il passe en revue les unes après les autres chacune de ces pratiques, idées et méthodes : de la grossesse (préparation à l’accouchement), en passant par l’accouchement (de préférence le moins médicalisé possible), puis par tous les aspects des soins et de l’éducation fournis au bébé et au bambin (le nourrir -allaiter, manger bio et « responsable »-, le toucher -cododo, portage, massage-, le changer -hygiène naturelle infantile et couches lavables-, et l’élever, en l’écoutant et en lui répondant dans un esprit non violent mais aussi en l’instruisant).

Au coeur de ce que l’on peut qualifier de « philosophie » du maternage, et de ces méthodes que l’on nomme parfois « alternatives », sont ancrées les valeurs de la nature, de l’écologie, du développement durable…. et finalement du respect, de son bébé, de sa planète, mais aussi de soi-même.

De nombreux témoignages de parents « pratiquants » enrichissent chaque partie, mais aussi, ce qui fait sans doute la plus grande qualité de ce livre, des témoignages de ceux qui ne font pas et expliquent pourquoi, et des références d’auteurs, d’études et textes d’experts penchant d’un côté et de l’autre. Des bibliographies ponctuent chaque partie et permettent à qui le souhaite d’en savoir plus sur l’un ou l’autre aspect.

Un chapitre est consacré au portage : il en énumère les bienfaits et décrit rapidement les différents systèmes qui existent. Il conclut par un comparatif écharpe / poussette : quel est l’objet indispensable, par rapport à plusieurs circonstances de la vie.

Mon avis :

Mon opinion de départ était plutôt critique : je n’aime pas beaucoup le « package » du maternage où sont mêlés tant de choses si différentes. Évidemment cet ouvrage fait bien la liste de tout ce que l’on met dans ce « lot » global… de l’allaitement à la contraception naturelle en passant par les vêtements bios. Et je m’interroge toujours sur la pertinence de ces associations…

Mais son orientation « modérée », que je n’ai en aucun cas perçue comme extrémiste, les avis nuancés qu’il dispense grâce à des citations et des témoignages équilibrés, le rendent intéressant. Ses références vers d’autres textes, livres, études et sites pour en savoir plus permettront à chacun de creuser sa voie, celle qui l’intéresse, sans aller se perdre sur les autres chemins. Une sorte de guide de voyage finalement !

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Publié par le juillet 30, 2011 dans Porter... et lire

 

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Notes de lecture : Un sommeil paisible et sans pleurs, Elizabeth Pantley

Un sommeil paisible et sans pleurs : aider en douceur son bébé à dormir toute la nuit

Elizabeth Pantley

Editions AdA, 2005, 328 pages

Elizabeth Pantley est maman de 4 enfants, dont 2 ont été de très mauvais dormeurs. Ne se reconnaissant ni dans les méthodes partisanes du « laisser pleurer » ni dans les théories à l’extrême inverse qui prônent une écoute totale de l’enfant aux dépens de ses propres besoins, elle a mis au point une méthode intermédiaire, pour amener les enfants à dormir, tout en douceur.

La méthode se décompose en 10 étapes, certaines relevant plutôt de l’information, d’autres de l’action et d’autres enfin sont des propositions.

Les deux premières étapes sont en fait des rappels sur les règles de sécurité concernant le sommeil du nourrisson (les consignes en matière de mort subite du nourrisson, la sécurité du lit de l’enfant les règles en matière de cododo) ; et sur la façon dont fonctionne le sommeil de l’enfant. Elle explique ici que les rythmes biologiques de l’enfant ne sont pas encore réglés, et que plus il est jeune plus son sommeil est léger… et plein de micro-réveils, qui sont en fait la source des problèmes (l’enfant se réveille complètement et ne parvient pas à se rendormir). Les réveils sont biologiques, et ne sont un « problème » que pour nous adultes qui le vivons mal. Pour l’auteur, le savoir et le reconnaître permet aussi d’avoir des attentes réalistes vis à vis du sommeil de son enfant.

La troisième étape constitue le début de la mise en pratique « concrète » : Elizabeth Pantley propose en effet un modèle de « fiches de sommeil » permettant de faire le bilan du sommeil de son enfant (période précédant l’endormissement, façon de l’endormir, réveils…), et de mesurer ensuite ses évolutions par rapport à cette base.

La quatrième étape constitue le « coeur » de la méthode Pantley. C’est ici qu’elle développe pistes et propositions de solutions pour améliorer le sommeil de son enfant. Deux tranches d’âge sont distinguées : avant et après 4 mois. Certaines méthodes sont applicables à tous.

Pour les enfants de moins de 4 mois elle préconise notamment :

  • de dissocier l’endormissement de la tétée (faire dormir l’enfant sans qu’il ait nécessairement sein ou tétine dans la bouche, dès que c’est possible)
  • de le mettre dans son lit… au moins de temps en temps !
  • de ne pas considérer que tous les bruits faits par bébé la nuit sont des réveils… un bébé qui dort (vraiment) peut être bruyant !
  • de l’aider à distinguer le jour et la nuit
  • d’écourter les siestes trop longues (vraiment trop longues…)
  • de surveiller les signes de fatigue de son tout petit
  • de veiller à son confort, mais aussi à celui de la maman (plusieurs conseils sont donnés pour faire de son lit un espace douillet et accueillant)

Mais globalement, en dehors de ce cadre positif autour du sommeil qui peut être posé dès la naissance, il faut accepter à cet âge… que bébé se réveille la nuit !

Après 4 mois, l’auteur propose des méthodes plus actives, qui réclament au préalable que les parents soient motivés, et prêts à changer ; mais aussi qu’ils s’assurent que bébé est dans de bonnes conditions (notamment qu’il est assez nourri le jour et que son besoin de contact est satisfait). Dès lors plusieurs actions peuvent être mises en oeuvre, et notamment :

  • mettre en place un vrai rituel, le détailler, phase par phase, et l’écrire pour s’y référer
  • avancer l’heure du coucher
  • mettre en place des routines aussi le jour, pour que l’horloge biologique de l’enfant se cale
  • ne pas négliger l’importance des siestes, qui doivent être régulières et accompagnées d’un mini-rituel
  • faire aimer son lit à l’enfant (lui faire passer des moments agréables, de jeux calmes, à l’endroit où il dort)
  • travailler sur les divers signaux, ou ancres du sommeil : le rituel les englobe, mais il y a aussi le doudou, les mots-clés du sommeil, la musique… qui doivent être utilisés non pas au moment où bébé hurle mais quand il est calme, sur le point de s’endormir. C’est ainsi que l’ancre qu’ils produiront sera associée à un moment positif, et qu’ensuite ils pourront être utilisés comme véritables signaux du sommeil, pour aider l’enfant à trouver la voie des rêves…
  • comme avant 4 mois, il faudra travailler à rompre l’association sommeil / succion : c’est le « sevrage Pantley » qui consiste à amener bébé à s’endormir sans le sein ou la tétine en bouche, en lui retirant avant l’endormissement complet et en l’accompagnant en lui fermant la bouche et en le berçant… et en recommençant autant de fois que nécessaire ! Il faudra aussi tâcher de raccourcir les tétées nocturnes, et de ne pas rester trop près de bébé physiquement la nuit (quitte à simplement se retourner si on dort… voir à faire semblant de dormir quand il bouge ;-)). Si les parents se sentent prêts, ils pourront aussi l’aider à regagner son lit… en lui montrant que même s’il ne dort plus avec eux ils continuent à accourir dès qu’il en a besoin !
  • pour les plus grands, on pourra créer un « livre du sommeil » (des photos de bébé, de son évolution, qui se termine par l’enfant acceptant le coucher) ou encore ue affiche du sommeil qui donne les étapes du rituel et à laquelle l’enfant peut donc se référer.

De la 6ème à la dixième étape, il s’agit de rédiger ses fiches de sommeil, de choisir les méthodes à utiliser, de les mettre en oeuvre, de faire des feed-back, d’évaluer ses progressions, et de réajuster éventuellement ses stratégies. Des modèles de fiches et cadres de questionnement sont proposés.

L’ouvrage comporte également de nombreux témoignages de mamans très encourageants, mais aussi des conseils pour ceux pour qui rien ne fonctionne (revoir la méthode, s’accorder des pauses…). Le sommeil de la maman n’est pas oublié : il y a même des conseils pour aider les mamans qui ont des bébés qui dorment mais qui ne parviennent plus à trouver le sommeil.

L’ensemble des pistes présentées sont toujours très nuancées, et reconnaissent le droit (le devoir ?) de chacun de les adapter à son propre enfant, à son propre environnement. L’auteur « autorise » les retours en arrière, elle les pose même comme complètement normaux. Elle reconnaît aussi le droit de chacun de VOULOIR dormir, et de trouver les solutions qu’il faut… sans pour autant laisser pleurer bébé.

Mon avis :

Je connaissais la méthode Pantley pour en avoir entendu beaucoup parler sur divers forums et sites web. Pour moi il s’agissait simplement de travailler sur le rituel de l’endormissement, et sur la dissociation du lien sommeil / succion. Mais j’ai été très agréablement surprise par la lecture de l’ouvrage, que j’ai trouvé très positif, très bienveillant… très humain !

Son postulat de base, ne pas accepter de laisser pleurer mais ne pas accepter non plus d’être réveillée toutes les heures, me correspond tout à fait. J’ai beaucoup apprécié le fait qu’elle affirme à la fois qu’il est NORMAL qu’un enfant dorme « mal » la nuit (mal au sens où nous adultes, l’entendons), et que de toutes façons cela finit par passer. Bref elle ne survend pas non plus une solution miracle ! Mais elle n’en reste pas à ce constat et propose des solutions pour que nous, adultes, puissions « survivre » à cette tornade nocturne que peut devenir sa petite merveille 😉

Au niveau purement pratique, certaines choses pleines de bon sens me semblent toutefois bien difficiles à mettre en oeuvre, surtout quand on n’en est pas au premier (établir un -long- rituel calme, et avancer l’heure du coucher quand un aîné doit aussi être géré est un peu difficile…). Mais certaines pistes gagnent à être entendues… et testées !

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Publié par le juillet 28, 2011 dans Porter... et lire

 

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Notes de lecture : Peau à peau : technique et pratique du portage, Ingrid Van den Peereboom

Peau à peau : technique et pratique du portage, Ingrid Van den Peereboom

Editions Jouvence, 2009, nouvelle édition revue et actualisée, 190 p.

Cet ouvrage aborde le portage sous différents aspects : pourquoi porter ? Avec quoi porter ? Comment porter ? Comment le portage peut-il s’intégrer dans le quotidien de la famille et dans certaines situations particulières ? Quels bénéfices petits portés et porteurs peuvent-ils en tirer ? Véritable plaidoyer pour cette pratique, il en explore les fondements scientifiques, mais aussi philosophiques,  psychologiques et idéologiques ; sans oublier de donner exemples et pistes concrètes sur son application au jour le jour.

L’auteur commence par expliquer pourquoi il est naturel de porter le petit homme :
– d’après les catégories définies par le Dr Hassenstein, le bébé humain est un petit porté (par opposition aux nidifuges et nidicoles), qui a parmi ses réflexes archaïques, le réflexe d’agrippement lui permettant de devenir partenaire actif de son portage
– l’évolution de son dos doit être respectée : d’abord en cyphose totale (arrondi complet), le nouveau-né évolue vers la lordose cervicale (lorsqu’il prend appui sur ses mains et redresse la tête), puis la cyphose thoracique (lorsqu’il tient assis) et enfin la lordose lombaire (marche).

En rappelant, à l’aide de références à d’autres études, que la dépendance du bébé est naturelle, que le toucher est le premier sens mature, que le contact est essentiel au bien-être du nouveau-né, l’auteur montre que les bénéfices du portage pour le nouveau-né sont immenses, et qu’il contribue de manière significative à l’attachement.

Mais le portage n’est pas seulement positif pour la relation entre le porteur et le porté : il « n’est pas un enfermement dans une relation à deux, mais, au contraire, une occasion pour l’enfant d’entrer dans la vie sociale. » p. 39

C’est en effet aussi ainsi que le petit être humain se construit : « bébé apprend de près chaque geste de sa mère, de son père, de l’éducatrice ou du soignant qui le porte. Il vit et revit ces gestes, inlassablement. Il apprend et devient jour après jour humain parmi les humains. » p. 37

Le portage a notamment des effets positifs sur le développement cognitif de l’enfant, et en particulier le développement de son langage.

Bien sûr les avantages du portage sont significatifs aussi pour les parents, tant dans son côté pratique que relationnel.

L’auteur aborde ensuite le portage d’un point de vue plus concret. Elle énonce les principes fondamentaux d’un portage respectueux : le bébé doit être porté proche, pouvoir être actif et s’accrocher, être en assise profonde et avoir le dos arrondi. Il ne doit pas être en appui sur ses pieds mais sur sa base, et ne pas être suspendu.

Plusieurs types de porte-bébés souples sont présentés : les porte-bébés kangourou (non physiologiques) ; les porte-bébés traditionnels souples et les porte-bébés dits actuels (tongas, slings, mais aussi bien sûr écharpes avec un historique, les matières, les types de portage et types de noeuds possibles).

Au fil des pages, certaines situations particulières et cas concrets sont abordées : la dysplasie, le portage et l’allaitement (où l’auteur rappelle qu’il faut veiller à ne pas coincer la tête du bébé !), le double portage, comment s’habiller quand on porte, portage et sommeil, portage et grossesse.

Le renforcement de l’attachement et le plaisir du portage sont illustrés par plusieurs témoignages : l’adoption, les mères aveugles, la néonat, les jumeaux prématurés, les enfants différents, le milieu hospitalier, le portage en crèche.

Différentes situations de portage au quotidien sont évoquées : l’organisation de la fratrie et le rôle du portage, le plaisir du portage pour le porteur et le bébé, le rôle du papa, porter et travailler. Des exemples d’activités et d’initiatives permettant les rencontres entre parents autour de la parentalité (portage mais aussi massages des bébés, etc) sont également présentés.

L’auteur conclut par quelques précieux conseils sur comment apprendre l’art du portage, et notamment se donner le temps de trouver ses repères, et surtout être « prêt » à porter, participer à un atelier pour que les gestes puissent être transmis mais aussi pour s’intégrer à un lieu de test, de jeu…

Une importante bibliographie et une liste d’associations de portage complètent l’ouvrage.

L'auteur, sur le site des éditions Jouvence

Mon avis :

La première réflexion qui me vient en refermant cet ouvrage est qu’il a été écrit avec le coeur, avec les tripes, par une vraie passionnée du portage. Cela se sent au détour de chaque phrase, et dans chaque témoignage ou situation concrète présentés. Ainsi l’auteur parvient-elle à transmettre sa passion dans ce livre qui se situe entre le manuel technique et l’essai… sans doute plus proche de l’essai.

En effet ceux qui y chercheraient un manuel pratique risqueraient d’être quelque peu déçus, car cela ne constitue pas le coeur du contenu. Les illustrations visuelles ne sont constituées que de dessins (très réussis d’ailleurs !), et sont peu nombreuses. Pour un guide des techniques de portage, et des pas à pas sur la réalisation des noeuds, il faudra se référer au DVD « Bien porter bébé« .

Cet ouvrage reste une référence dans la littérature francophone sur le portage, et a sans doute été en outre parmi les précurseurs sur le sujet.

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Publié par le décembre 8, 2010 dans Porter... et lire

 

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2 articles de fond sur le portage sur le site Sleepy Wrap

Sleepy Wrap est une marque d’écharpes de portage stretch. Il s’agit d’une société américaine  créée par une maman, Elizabeth Antunovic, qui a inventé ce modèle d’écharpes pour porter ses enfants et qui a connu avec elles un grand succès…

On la voit peu en France (où elle n’est pas très bien distribuée… on peut néanmoins se la procurer chez Melicott) mais elle semble plutôt bien vendue aux Etats-Unis. Autre particularité : elle fait 50 cm de largeur quand la plupart des autres modèles font 70 cm. Elle reste donc plutôt adaptée aux tout-petits (cette largeur rendra difficile l’enveloppement pour un enfant plus grand).  Il faut noter aussi qu’elle est assez peu onéreuse si on la compare aux autres écharpes (39,95€ chez Melicott).

Elizabeth Antunovic est naturellement une passionnée de portage. Elle a beaucoup lu sur la question, et fait partager sa réflexion dans deux articles de fond publiés sur le site, étayés de nombreuses références bibliographiques et illustrations visuelles. La ligne directrice de ces deux textes consiste à répondre à cette question centrale : pourquoi faut-il porter son bébé ? Les « classiques » (Montagu surtout, mais aussi Liedloff et d’autres) sont bien entendu largement cités… ainsi que des études scientifiques diverses. Ils constituent la base des arguments présentés.

Ces textes sont de bonnes synthèses de la « philosophie » du portage… et présentent l’avantage d’être librement accessibles en ligne ! Il y a d’autres textes disponibles sur le site (dans la rubrique « more » : consignes de sécurité, méthode kangourou…) mais ces deux là ont retenu mon attention pour leur dimension « philosophie du portage » justement.

« Strollers, baby carriers and infant stress »

Le premier s’intitule « Strollers, baby carriers and infant stress » (Poussettes, porte-bébés et stress de l’enfant) et date de 2008. Il explique que les recommandations médicales suggèrent souvent de positionner bébé sur un plan vertical la majeure partie du temps… or  ce n’est pas justifié : le portage est au contraire essentiel pour le développement physique, émotionnel et intellectuel du bébé.

En effet, en premier lieu, la colonne vertébral du bébé n’est pas plate : positionner le bébé à plat est donc non physiologique, c’est source de tensions et mauvais pour ses hanches. A trop laisser bébé sur un plan horizontal, on finit par créer des déformations physiques.

En outre, on sait que la position foetale est la plus sécurisante pour bébé, et c’est aussi la meilleure pour l’oxygénation du bébé : or ce n’est pas une position à plat !

La nature nous montre aussi, avec le réflexe d’agrippement, que les bébés sont bien faits pour être portés…

Les sièges auto, qui maintiennent l’enfant dans une position arrondie, ne sont pas l’idéal non plus : le bébé est en effet maintenu, il ne peut pas bouger, quand le portage contre le corps de sa mère lui permet au contraire de développer ses capacités moteurs en réponse à ses mouvements.

Elizabeth Antunovic s’interroge alors sur les causes qui font que l’on continue de conseiller de positionner les bébés à plat… et suppose que c’est parce que le corps médical continue à penser les porte-bébés comme des objets non physiologiques qui soutiennent l’enfant par l’entrejambe, voire le positionnent face au monde. Et ce type de produits est effectivement créateur de stress pour l’enfant.

Elle s’attarde également sur la question du portage chez les Inuits, qui portent leurs bébés emmaillotés dans une position très plate.  Et les petits Inuits connaissent de gros problèmes de dysplasie de la hanche, qui n’existent pas dans les cultures où l’on porte en position assis-accroupi.

Finalement un porte-bébé physiologique porte comme les bras d’une maman… ce qui est naturellement la meilleure position. C’est ainsi que le bébé sera au mieux oxygéné, qu’il aura le moins de douleurs gastriques (c’est une position idéale pour soulager le RGO), que son système vestibulaire sera sollicité, ses sens développés, ses fonctions vitales enclenchées… bref, qu’il sera la plus heureux et sécurisé.

A noter qu’il y a beaucoup de photos dans cet article, illustrant les différents points abordés (développement de la colonne, porte-bébés non physiologiques, bonne position, portage chez les Inuits…). A voir au moins pour les images donc !

« The Best Place After the Womb : Exterogestation and the Need to Be Held »

Le second article date de 2009 et s’intitule « The Best Place After the Womb : Exterogestation and the Need to Be Held«  (Le meilleur endroit après l’utérus : exterogestation et besoin d’être porté »). Il s’attache à montrer que le petit humain naît immature, et que le corps de la mère devient, après la naissance, son « habitat » naturel pour poursuivre sa gestation. Il faut donc respecter cette période en répondant à son besoin de contact et en permettant à la « symbiose » mère / enfant de se poursuivre ; afin que le bébé se développe au mieux (les arguments sont très axés tout au long de l’article sur le développement du cerveau).

Cette immaturité du petit humain est observable : ses fonctions vitales ne sont pas en place à la naissance, il est entièrement dépendant. La naissance, chez l’homme, intervient en effet beaucoup plus tôt, en comparaison, que chez les autres mammifères. Cela est dû à la taille de la tête : le bébé naît au moment où la tête peut encore sortir du corps de la mère. Plus tard, au regard de la croissance exponentielle du cerveau au cours de la première année, cela deviendrait impossible… Mais cette période de croissance du cerveau se déroule ainsi avec des stimulations extérieures qui permettent au petit homme « d’affuter » son intelligence future.

Durant cette période, être près de sa mère est une nécessité vital pour le bébé : la nature nous le montre (sa survie en dépend, le fonctionnement de la lactation humaine implique que bébé et maman ne se séparent que le moins possible). Mais c’est aussi essentiel pour la maman pour qui cette proximité avec son bébé a des effets positifs sur son état. Le respect de cette étape est la condition pour que l’enfant se développe harmonieusement. Le portage, à ce moment, permettra au bébé de trouver un endroit sûr d’où observer le monde et de lui procurer tous les stimuli sensoriels qui le feront grandir. On observe d’ailleurs que le manque de contact corporel a des effets graves sur le nouveau-né : ils peuvent aller des problèmes de croissance ou de fonctionnement du système immunitaire, à la mort dans certains cas extrêmes.

Finalement porter son enfant permet de reproduire au plus près les conditions de vie du bébé dans l’utérus… un environnement adapté à ses besoins, sûr et bienveillant.

Deux textes à lire donc, pour se plonger un peu dans la philosophie du portage !

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Publié par le septembre 19, 2010 dans Porter... et lire, Porter... sur le web

 

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Notes de lecture : Porter mon bébé, Cécile Cortet et Céline Guerrand-Frénais

Porter mon bébé, Cécile Cortet et Céline Guerrand-Frénais

Editions Minerva (Genève), 2009, 127 p.

Cet ouvrage propose des données historiques, médicales et théoriques sur le portage ; complétées par une partie pratique avec plusieurs pas à pas sur différents noeuds et des conseils concrets sur le portage. Les illustrations sont nombreuses et toujours superbes.

Le premier chapitre est consacré aux bases du portage. Il débute par une passionnante et documentée histoire du portage. On apprend notamment que 75% des bébés dans le monde sont portés, dans des berceaux rigides ou des morceaux de tissu. Pourtant les durées de portage quotidiennes sont moins importantes que l’on pourrait le croire. Dans la majeure partie des cas, l’enfant est porté dans le dos pour dormir et sur le côté pour observer.

Dans les pays industrialisés, l’histoire du portage commence comme partout à la préhistoire, où les bébés étaient portés pour survivre. Le « maternage » était courant jusqu’au Moyen-Age, au terme duquel l’éloignement du bébé s’est amorcé… avec notamment l’apparition de nourrices « mercenaires » et le sommeil partagé qui est de moins en moins toléré. Au XIXème siècle, l’hygiénisme et la prise de pouvoir des professionnels médicaux qui formulent des recommandations sur comment s’occuper des bébés accentuent cet éloignement. Il atteint son paroxysme avec l’apparition du landau à la fin du XIXème siècle, mais aussi le courant behavioriste qui affirme qu’on apprend par le conditionnement (donc il faut vite donner de « bonnes habitudes »). Les industries du lait artificiel prennent de la puissance, et font reculer l’allaitement, ce qui contribue encore à séparer, physiquement, la mère de son enfant.

A partir des années 70, certaines voix s’élèvent contre cette distance entre le bébé et les autres adultes : le Dr Hassenstein montre qu’il est dans la nature du bébé d’être porté, le Dr Charpak obtient d’excellents résultats avec sa méthode kangourou sur les petits prématurés, les études se multiplient sur l’importance du contact entre la mère et l’enfant… Parallèlement les porte-bébés se développent, avec le porte Calllin de la Leache League dès les années 50 puis les écharpes de portage à partir des années 70.

Après ce détour historique, on apprend pourquoi les bébés sont faits pour être portés. En effet, si on le compare aux autres primates, le petit homme naît immature, prématuré. Finalement, la grossesse se termine ex-utéro, et le corps de la mère est le lieu de survie du bébé, le seul à répondre de façon adéquat à ses besoins vitaux (contact, alimentation, régulation de sa température, stimulations…). Le bébé est un porté passif, qui participe à son portage grâce au réflexe d’agrippement, réflexe archaïque.

En images : comment emmailloter bébé, comment le prendre dans ses bras en soutenant sa base.

Pour terminer ce chapitre introductif, les avantages du portage sont présentés, tant pour le bébé (cela le rassure, facilite son intégration sociale notamment en matière de langage, son apprentissage culturel, son développement moteur, la maturation de son système digestif, cela renforce l’attachement) ; que pour les parents (c’est pratique, l’allaitement est facilité, c’est économique, cela permet de prendre confiance en son rôle de parent, d’aider le père à trouver sa place, de ménager le dos…).

Dans un second chapitre consacré aux principes du portage, la musculature et le développement du bébé sont d’abord présentés d’un point de vue plus médical. Dans cette partie largement illustrée, on apprend qu’en raison de leurs articulations cartilagineuses et souples, les bébés ont besoin d’être placés dans des postures adaptées pour que leur squelette se développe harmonieusement. La cavité cotyloïde notamment, celle qui accueille la tête du fémur, n’est pas ossifiée, de même que la structure osseuse de la colonne (le dos étant lui-même non musclé). C’est pourquoi le bébé est particulièrement sensible aux pressions et aux chocs et qu’une position correcte doit respecter les points suivants :

– position accroupie, les cuisses légèrement écartées
– dos arrondi (et pour arrondir le dos on bascule le pubis vers l’avant… donc le bébé s’accroupit)
– colonne soutenue zone à zone (pour absorber les chocs)

L’enfant doit être porté proche et bien soutenu sur sa base, la tête dans l’axe du corps.

Le porteur doit quant à lui porter à hauteur de bisou, suffisamment haut pour que le poids se fasse moins ressentir (et au passage préserver le périnée…). Il doit rester axé sur son centre de gravité (un exercice est proposé pour le trouver).

Ensuite des conseils sont proposés sur la façon de s’habiller quand on porte.

Sont également présentés, en textes et en photos, les différentes catégories de porte-bébés :

– les « prêts à porter », qui doivent, pour être physiologiques, permettre un portage proche et en assise profonde. Néanmoins, comme ils ne permettent pas un réglage fin dans le maintien du dos, ils sont à réserver pour les enfants qui tiennent déjà assis, et plutôt pour de courtes durées, en périodes d’éveil.
– les porte-bébés traditionnels varient selon les cultures et les modes de vie. Là encore ils ne permettent pas un soutien du dos pli par pli donc sont à réserver pour de courtes durées.
– enfin les porte-bébés dits « modernes », slings et écharpes, qui présentent l’avantage d’utiliser le sergé croisé (qui offre une grande résistance, le tissu ne se détend pas et les charges sont correctement réparties). Pour être utilisés au mieux, ils doivent être correctement tendus, dans la diagonale, et ne pas créer de zones rigides.

Le 3ème chapitre est consacré à la pratique du portage en écharpe. Il propose, en images, des conseils sur le soutien du bébé, la réalisation d’une volte, d’un serrage pan par pan ou encore d’un noeud plat. Certains noeuds sont détaillés en pas à pas : les kangourous devant, hanche et dos, le hanche simple et le hanche réglable, le sling.

Certaines situations particulières de portage sont explorées également : le portage pendant la grossesse (avec des variantes au niveau de la finalisation des noeuds), le portage après la naissance (porter haut pour protéger le périnée, le cas des prématurés), le portage et l’allaitement et le portage de deux enfants.

De riches sitographie et bibliographie viennent compléter l’ensemble.

Mon avis :

C’est la photo de la couverture qui m’a attirée ver ce livre… et je n’ai pas été déçue ! Les illustrations sont magnifiques, pleines de bébés bien portés, et constituent une des principales richesses de cet ouvrage. Mais les textes ne sont pas en reste : clairs, détaillés mais non rébarbatifs, documentés et sérieux, ils se lisent facilement et sont une mine d’informations, mais aussi de liens vers d’autres ressources, pour qui s’intéresse au sujet.

L’approche globale est intéressante : il s’agit ici de donner les bases d’un bon portage, de faire comprendre ce qu’est une position physiologique et comment le bébé doit être placé, en bref de proposer les clés pour réussir son portage. Et finalement le nombre de noeuds en pas à pas est assez peu important (j’ai tout de même un petit regret : j’aurais aimé y trouver les doubles hamacs et davantage de variantes de nouages finaux), ce qui pourrait décontenancer celui qui viendrait y chercher un manuel de noeuds…

Mais finalement comme dit le proverbe : « Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours ». Cet ouvrage ne nous donne pas une liste exhaustive de noeuds, il nous apprend comment les réussir tous ! Un ouvrage de référence en la matière.

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Publié par le août 23, 2010 dans Porter... et lire

 

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Notes de lecture : Bébés du monde, Béatrice Fontanel et Claire d’Harcourt

Bébés du monde

Béatrice Fontanel, Claire d’Harcourt

Editions France Loisirs, 1999, 216 p.


Les auteurs ont interrogé de nombreux ethnologues du CNRS, et rassemblé des photos du monde entier mettant en scène les pratiques de puériculture de peuples variés.

Dans ce tour du monde, on découvre page après page comment les hommes et les femmes aiment, protègent et soignent leurs bébés, de façons si différentes mais avec des objectifs finalement partagés.

« Les puéricultures « exotiques » sont certes différentes des nôtres. Pas tellement, si l’on considère qu’elles s’appliquent à résoudre les mêmes questions que celles qui nous préoccupent. Assez, si nous examinons les mécanismes des diverses solutions trouvées à nos problèmes communs. Infinies, si nous suivons les processus et le détail de leurs réalisations particulières. A nous de choisir le niveau auquel nous décidons de nous situer, mais sachons respecter la cohérence, l’inventivité et la sensibilité esthétique de ceux qui ont mis au point d’autres arts de soigner et de faire grandir ». Introduction de Suzanne Lallemand, p. 22

Cinq thèmes ont été retenus pour ce voyage :

– le lavage et les soins « esthétiques » du bébé… où l’on apprend par exemple que la peinture sur bébé est un art qui se pratique dans certaines cultures

– les vêtements et les bijoux qui « ornent » les petits

– le portage des bébés : « si les mères sont d’universelles porteuses, les emballages et arrimages des bébés varient ainsi à l’infini » p. 101.
On y apprend que les porte-bébés ont souvent une forte valeur symbolique, et font l’objet d’une confection très attentive qui les transforme en véritables oeuvres d’art. Leurs formes sont bien diverses, comme les modes de portage : des bandes passant sur le haut du crâne soutiennent le poids de l’enfant, des filets – à bébés mais aussi à provisions – portés devant ou derrière la maman, des paniers- remplis de couvertures, des bébés emmaillotés suspendus à leur parent – ou à autre chose, des capuchons d’anorak porte-bébés, ou encore les cuissardes de la maman ! Souvent le portage se poursuit jusqu’au sevrage. On ne voit dans ces pages qu’une seule poussette…

« (…) les bébés sont inlassablement portés, transportés partout, en toute circonstance. Ils restent les éternels appendices des mères (…) » p. 101

– le berceau et le sommeil, où l’on apprend que tout est fait pour empêcher l’enfant de pleurer et que les bercements sont universels :  » Apaisé par la mélodie d’une berceuse, les petites tapes frappées en rythme sur son dos, les balancements de son berceau ou des bras dans lesquels il se blottit, rares sont les régions du monde où le bébé est livré seul au sommeil » p. 147

– le bébé dans sa famille, où le découvre le sort fait au placenta, aux jumeaux, les façons d’embrasser bébé, de donner la becquée, de nommer son enfant et de le présenter à son clan, les croyances qui lient presque partout le bébé aux esprits.

Mon avis :

Ce sont les photos qui attirent d’abord le regard. Et puis on commence la lecture, et là ces photos prennent sens, prennent vie, et il n’est plus possible de se détacher de l’ouvrage. Ce tour du monde laisse une impression étrange : on se sent différents, forcément. Mais on croise les regards de ces bébés, et puis les regards des parents qui regardent leurs enfants… Comment ne pas se reconnaître dans ce regard-là ? Il invite à la compréhension, à la tolérance et au respect autour de ces pratiques.

Nos convictions sur ce que l’on pense être la « norme » sont balayées, et l’on redécouvre que le portage, l’allaitement et le cododo sont beaucoup plus répandus que ne le laisse entendre le discours occidental…

En bref, un vrai BEAU livre. Au niveau visuel, littéraire, ethnologique, et humain.

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Publié par le juillet 24, 2010 dans Porter... et lire

 

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Notes de lecture : le concept du continuum : à la recherche du bonheur perdu, Jean Liedloff

Le concept du continuum – A la recherche du bonheur perdu

Jean Liedloff

Editions Ambre, 2006 (éd. originale de 1975 et introduction de l’auteur de 1985)

L’auteur a effectué plusieurs expéditions dans la jungle sud-américaine, et a observé notamment le mode de vie de la tribu des Yakwanas. Elle a constaté que leur sens du bonheur, du travail et de l’effort était très différents de nos conceptions occidentales. Elle l’explique par le fait que cette tribu ne s’est pas éloignée, comme les sociétés modernes, de son continuum, en particulier dans sa relation aux bébés.

« Le continuum peut être défini comme un enchaînement d’expériences qui correspondent aux attentes et tendances de notre espèce, dans un environnement de même logique que celui où sont nées ces attentes et ces tendances » p.49

Jean Liedloff (source : http://www.continuum-concept.org)

Autrement dit, notre « programmation ancestrale » nous pousse à certains comportements adéquats, et induit en nous certaines attentes. Ainsi, dès sa naissance, le bébé s’attend à recevoir de sa mère un comportement « maternel » : son continuum lui indique que sa place est dans ses bras, contre son corps, et c’est là qu’il devra vivre et évoluer ses premiers mois, jusqu’à ce qu’il soit prêt à tenter d’autres expériences.

Dans un texte poignant, l’auteur décrit, en focalisation interne qui donne toute la puissance à son discours, la souffrance insupportable du nouveau-né dont la mère, pourtant pleine de bonnes intentions, ne répond pas à ses attentes, à ses besoins de contact et de bercement (l’extrait en question est consultable ici sur le site Porter son enfant).

La rupture du continuum dans nos sociétés modernes a des conséquences négatives sur les individus et la société : les attentes non comblées du bébé le restent pour toute sa vie d’enfant puis d’adulte. Il cherchera à les combler, et à retrouver la figure maternelle et les expériences « dans les bras » qui lui ont manquées. Son sens du bonheur en sera profondément altéré : sa quête d’autre chose, du mieux, sera permanente et l’empêchera de jouir de l’instant présent et donc de trouver le bonheur dans l’instant présent. Certaines maladies, les dépendances, les troubles de la sexualité peuvent s’expliquer par ce non respect du continuum. En effet la route pour atteindre le bonheur doit se faire étape par étape, et si la première d’entre elles est manquée il faut tout reprendre depuis le début, dans une quête potentiellement infinie…

L’auteur s’attache, en parallèle, à décrire le fonctionnement des Yakwanas. Dans cette tribu, le bébé est constamment porté au début de son existence, dans le respect de son continuum, jusqu’à ce qu’il manifeste le besoin de l’être moins. Pour autant, sa mère lui porte une attention limitée : elle vit sa vie d’adulte normalement, naturellement. Elle reste néanmoins disponible à ses sollicitations.

Une fois que la phase dans les bras a été satisfaite, l’enfant ne réclamera d’attention qu’en cas de réel besoin. Il ne devient pas dépendant, au contraire, il obtiendra pleine confiance en lui et en ses semblables.

Les Yakwanas sont persuadés du caractère sociable de l’enfant : il est un être d’imitation. Aussi il répondra aux attentes que les autres ont de lui, sans qu’aucune pression ne soit exercée (il n’y a d’ailleurs pas plus de pression exercée sur les autres adultes). C’est ainsi que, par instinct, l’enfant se conformera aux normes de sa tribu. Les Yakwanas s’attendent à un comportement adéquat de la part des enfants, qui y répondent naturellement, « en douceur », du mieux qu’ils peuvent.

Par exemple, les adultes ne s’attendent pas à ce que le bébé se mette en danger, ce qui irait à l’encontre de son instinct de survie. Ainsi il n’y a pas d’interdictions ni de mises en garde particulières vis à vis de ce que nous, sociétés occidentales, considérerions comme dangereux (des flèches, des lames tranchantes, un puits…). Et il n’y a pas d’accidents non plus, ou alors ils sont rarissimes… les enfants répondent aux attentes de leurs aînés.

L’auteur constate aussi que dans la tribu, le bonheur est la norme, c’est l’état « standard » de chaque âge de la vie. Elle explique que cet état est possible dans la mesure où les besoins de l’âge précédent ont été comblés.

Dans nos sociétés occidentales, on éduque, on modèle, on élève les enfants… et nos attentes sont négatives. Alors, contrairement à ce qui se produit chez les Yakwanas, les accidents sont bien plus nombreux. En effet, la mère va bien souvent prendre à sa charge la responsabilité de la surveillance de l’enfant. Celui-ci, ne la prend donc pas à son compte…

« Ce n’est pas un hasard si, en étant sûrement les plus protégés de toute l’Histoire, les enfants occidentaux sont ceux dont on attend le moins qu’ils sachent s’occuper d’eux-mêmes » p. 147

Finalement, comment tirer enseignement de ce concept du continuum pour nos sociétés occidentales ? L’auteur préconise de rester le plus proche possible du continuum en utilisant le bon sens, afin que l’instinct reprenne le dessus. Il faut commencer par répondre aux attentes du nouveau-né, en le portant constamment, en dormant avec lui, tant qu’il en manifeste le besoin.

Mon avis :

Cet ouvrage est très agréable à lire. Bien écrit, il mêle anthropologie, philosophie, récits de voyage, et plaidoyers intenses pour une humanité plus à l’écoute de ses instincts.

Il milite activement pour un portage continu du nouveau-né, et pour un respect absolu de ses besoins élémentaires, qui sont aussi les nôtres si on en croit ce concept du continuum.

Il rassurera sans aucun doute les parents qui craignent que leur attitude « maternante » ne soit néfaste à leur tout-petit… et fera peut-être prendre conscience aux autres à quel point il est naturel que le bébé recherche le contact rassurant de sa mère, et à quel point il est essentiel de répondre à ce besoin.

Mais finalement ce texte est aussi un peu violent : il peut entraîner une prise de conscience vertigineuse, douloureuse sur nos modes de vie… Ce qui a le mérite de nous interroger, de nous faire réfléchir.

Je n’ai pour ma part pas adhéré à toutes les assertions de l’auteur, quand d’autres m’ont furieusement donné envie de les contrer. Par exemple en ce qui concerne les dangers auxquels nous exposons nos enfants parce que nous les surprotégeons. C’est peut-être (sans doute ?) vrai. Mais je trouve cruel d’affirmer qu’enfant se noie parce que ses parents s’attendaient à ce que cela arrive… Je ne peux m’empêcher de trouver injuste la culpabilité que cela peut provoquer, et de juger ces mots d’une violence extrême. De même la vision un peu négative qui consiste à affirmer que nous ne savons pas trouver le bonheur dans l’instant présent me gêne dans sa généralisation.

Néanmoins cela ne gâche pas le plaisir de la lecture, et de la découverte d’une théorie qui milite de façon si convaincante pour le portage, qui rend les bébés heureux, détendus, et leur construit un socle solide pour leur équilibre et leur bonheur futurs.

Voir mes autres notes de lectures.

 
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Publié par le juillet 24, 2010 dans Porter... et lire

 

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Notes de lecture : La peau et le toucher : un premier langage, Ashley Montagu

La peau et le toucher – un premier langage

Ashley Montagu

Editions du Seuil, 1979, 219 pages

Ashley Montagu est un anthropologue et humaniste américain (1905-1999). Auteur de nombreux ouvrages, celui-ci est un véritable plaidoyer en faveur du toucher et du contact corps à corps, qu’il juge d’une importance cruciale pour le développement harmonieux de l’être humain. Il s’appuie sur des expériences scientifiques impliquant d’autres mammifères mais aussi des observations chez l’homme, dans différentes cultures.

Il explique que la peau est le premier né de nos organes et qu’il s’agit en outre de l’ensemble d’organes le plus important, après le cerveau. D’ailleurs le sens du toucher est le premier à se développer chez l’homme.

L’auteur postule que les stimuli tactiles précoces jouent un rôle vital pour le développement du mammifère. Il analyse la pratique du léchage chez les animaux à la naissance de leur progéniture, dont la finalité semble être de « lancer » le fonctionnement général des autres fonctions vitales (génito-urinaires, gastro-intestinales, respiratoires…).

Source : Nicolas Esposito (licence CC, FlickR)

Il en conclut que les stimulations tactiles de la mère sont vitales, au sens premier du terme, pour le nouveau-né.

Chez l’homme, il suppose que ce « léchage » est en fait remplacé par le travail de l’accouchement (contractions utérines et délivrance). Mais le besoin de contact, de massage, de stimulations tactiles ne s’arrête pas à cette première étape chez le petit homme… qui par nature, naît « inachevé » (il naît au moment où il peut encore passer dans le bassin de sa mère, et non au terme de son développement général qui ne survient que bien plus tard).

A partir d’expériences scientifiques (chez les rats notamment) et empiriques, il montre que le contact et le « TLC » (tenderness love care ou tendresse, amour et soin) sont indispensables à la survie du bébé (plusieurs cas de mortalité infantile pouvant s’expliquer par cette absence de contact, quand de spectaculaires progrès au niveau de la santé de l’individu peuvent s’expliquer par une reprise des contacts tactiles).

Il déplore ainsi l’abandon du berceau, et du bercement en règle générale, à partir des années 1900, en vertu de théories béhavioristes et du diktat de l’indépendance ainsi que de la crainte de donner de « mauvaises habitudes » aux bébés… théories répandues par certains pédiatres de l’époque et qui ont été appliquées par des parents désireux de faire au mieux.

Il décrit les multiples et fabuleuses capacités de la peau dans la captation des messages, et montre qu’un besoin de toucher plus ou moins satisfait durant l’enfance précoce peut avoir des conséquences à long terme dans notre vie d’adulte (de nos goûts musicaux à nos cheveux, en passant par nos problèmes d’eczéma ou encore d’asthme).

Il s’attarde également sur l’importance d’avoir bénéficié de soins maternels satisfaisants pour développer une sexualité équilibrée.

Il propose enfin un rapide tour du monde des pratiques du toucher pour tenter d’analyser les conséquences de ces pratiques divergentes sur les hommes adultes.

« Le besoin d’une stimulation tactile tendre est un besoin primaire qui doit être satisfait pour que le bébé se développe et devienne un être humain sain et équilibré » p. 123

Ainsi le contact tactile a une importance vital à tout âge, mais plus particulièrement lors des tout premiers temps de la vie. A noter que pour l’auteur, les vêtements constituent aussi une entrave à ce contact et qu’il préconise un réel peau à peau…

Source : Aqsaran (licence CC, FlickR)

Mon avis :

Un livre intéressant dans le mesure où il cherche et propose des arguments scientifiques à une véritable théorie humaniste. Les expériences relatées sont riches en enseignements et la théorie avancée séduisante d’un point de vue moral, et éthique.

J’avoue cependant avoir parfois été un peu gênée par le « positionnement » de l’ouvrage : entre arguments scientifiques et expression d’une conviction, la frontière n’est pas toujours clairement posée… D’ailleurs l’auteur souligne à de nombreuses reprises qu’il reste beaucoup à investiguer, d’un point de vue scientifique, dans ce champ d’étude.

Mais quel plaisir de trouver un appui dans la mise à mal de la théorie du bébé tyran et de ceux qui préconisent que l’enfant doit être indépendant le plus tôt possible !

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Publié par le juillet 24, 2010 dans Porter... et lire

 

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Notes de lecture : Porter bébé : avantages et bienfaits, Claude Suzanne Didierjean-Jouveau

Porter bébé – Avantages et bienfaits

Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau

Editions Jouvence, 2005, 93 pages

Dans cet ouvrage, l’auteur propose :

  • une courte histoire de portage, et de sa fonction d' »utérus avec vue »
  • quelques exemples de portage dans le monde
  • une présentation des avantages du portage : les bienfaits du contact, la protection du nouveau-né, la diminution des pleurs, la régulation de la température, les avantages pour l’allaitement…

Elle s’intéresse aussi à quelques cas particuliers et expose les bienfaits du portage dans le cas des bébés prématurés ou encore des enfants autistes.

Elle n’oublie pas non plus les avantages du portage pour les parents : pour la qualité de la relation avec le nouveau-né, pour ses aspects pratiques et économiques, ou encore parce que cela entretient la forme !

Elle décrit aussi rapidement les différents types de portage existants.

Mon avis :

Cet ouvrage reste très généraliste, mais c’est une excellente base, un « mémo » utile sur les bienfaits du portage. Il donne clairement envie d’aller plus loin, et d’en savoir plus…

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Publié par le juillet 24, 2010 dans Porter... et lire

 

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Notes de lecture : Parents efficaces, Thomas Gordon

Parents efficaces

Thomas Gordon

Marabout, Edition 2002, 352 pages

Thomas Gordon, psychologue américain (1918-2002), a formalisé une méthode de communication qu’il applique et illustre ici dans la relation parents / enfants.

La base de son raisonnement consiste à considérer que l’enfant est l’égal du parent, et que la résolution des conflits doit passer par l’écoute et la recherche commune de solutions, acceptées par toutes les parties (méthode gagnant / gagnant ou sans perdant). Dans ce processus, l’acceptation des besoins des autres, mais aussi des siens, est essentielle.

Il explique plusieurs méthodes permettant d’aboutir à une communication (et donc aussi à une relation) harmonieuse entre parents et enfants :

– L’écoute active : il s’agit d’une forme d' »empathie » de la communication, qui consiste à accepter le discours de son interlocuteur de façon sincère, et de lui faire savoir, notamment en reformulant ses propos (étant entendu qu’il faut utiliser cette méthode à bon escient et non de façon systématique sous peine de se transformer en perroquet… inefficace). Cela permet de faire émerger des messages et des solutions de la part de l’autre qui seraient autrement restés non verbalisés… avec tous les risques que cela induit au niveau de la communication.

– Le message-Je : il s’agit de privilégier les messages concernant son propre ressenti, qui sont vrais par nature (mes émotions telles que je les ressens et formule ne sont pas fausses), afin de ne pas agresser / affronter l’autre par des messages qui le mettent en cause et créeront donc plus facilement une réaction défensive et non constructive.

– La troisième méthode : il s’agit de la méthode de résolution des conflit en elle-même, sans perdant. Elle permet, en cas de conflit, de trouver une solution acceptée par tous, sans sacrifice, sans usage de l’autorité, dans le cadre d’une discussion entre égaux. Pour qu’elle soit efficace, il faut que parents et enfants soient sincères, et reconnaissent leurs vrais besoins afin qu’ils puissent être respectés.

Tout au fil de l’ouvrage, l’auteur propose des exemples tirés des ateliers de parents qu’il organise.

Mon avis :

Sa vision de la communication, basée sur le respect mutuel sans usage de l’autorité NI du sacrifice de l’une ou l’autre des parties, est vraiment passionnante. Son point de vue profondément positif, humain de la relation à l’enfant, mais aussi plus généralement à l’autre, ne peut que donner envie d’essayer… et permet une réelle interrogation et réflexion sur nos pratiques en tant que parents mais aussi qu’être social en général.

Beaucoup d’exemples concrets facilitent à la fois la compréhension de la méthode mais aussi la lecture de l’ouvrage. Seulement beaucoup de discussions ne sonnent pas très vraies dans notre contexte… et sont très marquées par la culture américaine de la période où a été rédigé l’ouvrage. Cela donne un petite côté « folklorique » à l’ensemble 😉

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Publié par le juillet 24, 2010 dans Porter... et lire

 

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