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Notes de lecture : Porter mon bébé, Cécile Cortet et Céline Guerrand-Frénais

23 Août

Porter mon bébé, Cécile Cortet et Céline Guerrand-Frénais

Editions Minerva (Genève), 2009, 127 p.

Cet ouvrage propose des données historiques, médicales et théoriques sur le portage ; complétées par une partie pratique avec plusieurs pas à pas sur différents noeuds et des conseils concrets sur le portage. Les illustrations sont nombreuses et toujours superbes.

Le premier chapitre est consacré aux bases du portage. Il débute par une passionnante et documentée histoire du portage. On apprend notamment que 75% des bébés dans le monde sont portés, dans des berceaux rigides ou des morceaux de tissu. Pourtant les durées de portage quotidiennes sont moins importantes que l’on pourrait le croire. Dans la majeure partie des cas, l’enfant est porté dans le dos pour dormir et sur le côté pour observer.

Dans les pays industrialisés, l’histoire du portage commence comme partout à la préhistoire, où les bébés étaient portés pour survivre. Le « maternage » était courant jusqu’au Moyen-Age, au terme duquel l’éloignement du bébé s’est amorcé… avec notamment l’apparition de nourrices « mercenaires » et le sommeil partagé qui est de moins en moins toléré. Au XIXème siècle, l’hygiénisme et la prise de pouvoir des professionnels médicaux qui formulent des recommandations sur comment s’occuper des bébés accentuent cet éloignement. Il atteint son paroxysme avec l’apparition du landau à la fin du XIXème siècle, mais aussi le courant behavioriste qui affirme qu’on apprend par le conditionnement (donc il faut vite donner de « bonnes habitudes »). Les industries du lait artificiel prennent de la puissance, et font reculer l’allaitement, ce qui contribue encore à séparer, physiquement, la mère de son enfant.

A partir des années 70, certaines voix s’élèvent contre cette distance entre le bébé et les autres adultes : le Dr Hassenstein montre qu’il est dans la nature du bébé d’être porté, le Dr Charpak obtient d’excellents résultats avec sa méthode kangourou sur les petits prématurés, les études se multiplient sur l’importance du contact entre la mère et l’enfant… Parallèlement les porte-bébés se développent, avec le porte Calllin de la Leache League dès les années 50 puis les écharpes de portage à partir des années 70.

Après ce détour historique, on apprend pourquoi les bébés sont faits pour être portés. En effet, si on le compare aux autres primates, le petit homme naît immature, prématuré. Finalement, la grossesse se termine ex-utéro, et le corps de la mère est le lieu de survie du bébé, le seul à répondre de façon adéquat à ses besoins vitaux (contact, alimentation, régulation de sa température, stimulations…). Le bébé est un porté passif, qui participe à son portage grâce au réflexe d’agrippement, réflexe archaïque.

En images : comment emmailloter bébé, comment le prendre dans ses bras en soutenant sa base.

Pour terminer ce chapitre introductif, les avantages du portage sont présentés, tant pour le bébé (cela le rassure, facilite son intégration sociale notamment en matière de langage, son apprentissage culturel, son développement moteur, la maturation de son système digestif, cela renforce l’attachement) ; que pour les parents (c’est pratique, l’allaitement est facilité, c’est économique, cela permet de prendre confiance en son rôle de parent, d’aider le père à trouver sa place, de ménager le dos…).

Dans un second chapitre consacré aux principes du portage, la musculature et le développement du bébé sont d’abord présentés d’un point de vue plus médical. Dans cette partie largement illustrée, on apprend qu’en raison de leurs articulations cartilagineuses et souples, les bébés ont besoin d’être placés dans des postures adaptées pour que leur squelette se développe harmonieusement. La cavité cotyloïde notamment, celle qui accueille la tête du fémur, n’est pas ossifiée, de même que la structure osseuse de la colonne (le dos étant lui-même non musclé). C’est pourquoi le bébé est particulièrement sensible aux pressions et aux chocs et qu’une position correcte doit respecter les points suivants :

– position accroupie, les cuisses légèrement écartées
– dos arrondi (et pour arrondir le dos on bascule le pubis vers l’avant… donc le bébé s’accroupit)
– colonne soutenue zone à zone (pour absorber les chocs)

L’enfant doit être porté proche et bien soutenu sur sa base, la tête dans l’axe du corps.

Le porteur doit quant à lui porter à hauteur de bisou, suffisamment haut pour que le poids se fasse moins ressentir (et au passage préserver le périnée…). Il doit rester axé sur son centre de gravité (un exercice est proposé pour le trouver).

Ensuite des conseils sont proposés sur la façon de s’habiller quand on porte.

Sont également présentés, en textes et en photos, les différentes catégories de porte-bébés :

– les « prêts à porter », qui doivent, pour être physiologiques, permettre un portage proche et en assise profonde. Néanmoins, comme ils ne permettent pas un réglage fin dans le maintien du dos, ils sont à réserver pour les enfants qui tiennent déjà assis, et plutôt pour de courtes durées, en périodes d’éveil.
– les porte-bébés traditionnels varient selon les cultures et les modes de vie. Là encore ils ne permettent pas un soutien du dos pli par pli donc sont à réserver pour de courtes durées.
– enfin les porte-bébés dits « modernes », slings et écharpes, qui présentent l’avantage d’utiliser le sergé croisé (qui offre une grande résistance, le tissu ne se détend pas et les charges sont correctement réparties). Pour être utilisés au mieux, ils doivent être correctement tendus, dans la diagonale, et ne pas créer de zones rigides.

Le 3ème chapitre est consacré à la pratique du portage en écharpe. Il propose, en images, des conseils sur le soutien du bébé, la réalisation d’une volte, d’un serrage pan par pan ou encore d’un noeud plat. Certains noeuds sont détaillés en pas à pas : les kangourous devant, hanche et dos, le hanche simple et le hanche réglable, le sling.

Certaines situations particulières de portage sont explorées également : le portage pendant la grossesse (avec des variantes au niveau de la finalisation des noeuds), le portage après la naissance (porter haut pour protéger le périnée, le cas des prématurés), le portage et l’allaitement et le portage de deux enfants.

De riches sitographie et bibliographie viennent compléter l’ensemble.

Mon avis :

C’est la photo de la couverture qui m’a attirée ver ce livre… et je n’ai pas été déçue ! Les illustrations sont magnifiques, pleines de bébés bien portés, et constituent une des principales richesses de cet ouvrage. Mais les textes ne sont pas en reste : clairs, détaillés mais non rébarbatifs, documentés et sérieux, ils se lisent facilement et sont une mine d’informations, mais aussi de liens vers d’autres ressources, pour qui s’intéresse au sujet.

L’approche globale est intéressante : il s’agit ici de donner les bases d’un bon portage, de faire comprendre ce qu’est une position physiologique et comment le bébé doit être placé, en bref de proposer les clés pour réussir son portage. Et finalement le nombre de noeuds en pas à pas est assez peu important (j’ai tout de même un petit regret : j’aurais aimé y trouver les doubles hamacs et davantage de variantes de nouages finaux), ce qui pourrait décontenancer celui qui viendrait y chercher un manuel de noeuds…

Mais finalement comme dit le proverbe : « Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours ». Cet ouvrage ne nous donne pas une liste exhaustive de noeuds, il nous apprend comment les réussir tous ! Un ouvrage de référence en la matière.

Voir mes autres notes de lectures.

 
2 Commentaires

Publié par le août 23, 2010 dans Porter... et lire

 

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2 réponses à “Notes de lecture : Porter mon bébé, Cécile Cortet et Céline Guerrand-Frénais

  1. Dominique

    février 22, 2011 at 15:21

    tout à fait d’accord avec toi

     

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