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2 articles de fond sur le portage sur le site Sleepy Wrap

Sleepy Wrap est une marque d’écharpes de portage stretch. Il s’agit d’une société américaine  créée par une maman, Elizabeth Antunovic, qui a inventé ce modèle d’écharpes pour porter ses enfants et qui a connu avec elles un grand succès…

On la voit peu en France (où elle n’est pas très bien distribuée… on peut néanmoins se la procurer chez Melicott) mais elle semble plutôt bien vendue aux Etats-Unis. Autre particularité : elle fait 50 cm de largeur quand la plupart des autres modèles font 70 cm. Elle reste donc plutôt adaptée aux tout-petits (cette largeur rendra difficile l’enveloppement pour un enfant plus grand).  Il faut noter aussi qu’elle est assez peu onéreuse si on la compare aux autres écharpes (39,95€ chez Melicott).

Elizabeth Antunovic est naturellement une passionnée de portage. Elle a beaucoup lu sur la question, et fait partager sa réflexion dans deux articles de fond publiés sur le site, étayés de nombreuses références bibliographiques et illustrations visuelles. La ligne directrice de ces deux textes consiste à répondre à cette question centrale : pourquoi faut-il porter son bébé ? Les « classiques » (Montagu surtout, mais aussi Liedloff et d’autres) sont bien entendu largement cités… ainsi que des études scientifiques diverses. Ils constituent la base des arguments présentés.

Ces textes sont de bonnes synthèses de la « philosophie » du portage… et présentent l’avantage d’être librement accessibles en ligne ! Il y a d’autres textes disponibles sur le site (dans la rubrique « more » : consignes de sécurité, méthode kangourou…) mais ces deux là ont retenu mon attention pour leur dimension « philosophie du portage » justement.

« Strollers, baby carriers and infant stress »

Le premier s’intitule « Strollers, baby carriers and infant stress » (Poussettes, porte-bébés et stress de l’enfant) et date de 2008. Il explique que les recommandations médicales suggèrent souvent de positionner bébé sur un plan vertical la majeure partie du temps… or  ce n’est pas justifié : le portage est au contraire essentiel pour le développement physique, émotionnel et intellectuel du bébé.

En effet, en premier lieu, la colonne vertébral du bébé n’est pas plate : positionner le bébé à plat est donc non physiologique, c’est source de tensions et mauvais pour ses hanches. A trop laisser bébé sur un plan horizontal, on finit par créer des déformations physiques.

En outre, on sait que la position foetale est la plus sécurisante pour bébé, et c’est aussi la meilleure pour l’oxygénation du bébé : or ce n’est pas une position à plat !

La nature nous montre aussi, avec le réflexe d’agrippement, que les bébés sont bien faits pour être portés…

Les sièges auto, qui maintiennent l’enfant dans une position arrondie, ne sont pas l’idéal non plus : le bébé est en effet maintenu, il ne peut pas bouger, quand le portage contre le corps de sa mère lui permet au contraire de développer ses capacités moteurs en réponse à ses mouvements.

Elizabeth Antunovic s’interroge alors sur les causes qui font que l’on continue de conseiller de positionner les bébés à plat… et suppose que c’est parce que le corps médical continue à penser les porte-bébés comme des objets non physiologiques qui soutiennent l’enfant par l’entrejambe, voire le positionnent face au monde. Et ce type de produits est effectivement créateur de stress pour l’enfant.

Elle s’attarde également sur la question du portage chez les Inuits, qui portent leurs bébés emmaillotés dans une position très plate.  Et les petits Inuits connaissent de gros problèmes de dysplasie de la hanche, qui n’existent pas dans les cultures où l’on porte en position assis-accroupi.

Finalement un porte-bébé physiologique porte comme les bras d’une maman… ce qui est naturellement la meilleure position. C’est ainsi que le bébé sera au mieux oxygéné, qu’il aura le moins de douleurs gastriques (c’est une position idéale pour soulager le RGO), que son système vestibulaire sera sollicité, ses sens développés, ses fonctions vitales enclenchées… bref, qu’il sera la plus heureux et sécurisé.

A noter qu’il y a beaucoup de photos dans cet article, illustrant les différents points abordés (développement de la colonne, porte-bébés non physiologiques, bonne position, portage chez les Inuits…). A voir au moins pour les images donc !

« The Best Place After the Womb : Exterogestation and the Need to Be Held »

Le second article date de 2009 et s’intitule « The Best Place After the Womb : Exterogestation and the Need to Be Held«  (Le meilleur endroit après l’utérus : exterogestation et besoin d’être porté »). Il s’attache à montrer que le petit humain naît immature, et que le corps de la mère devient, après la naissance, son « habitat » naturel pour poursuivre sa gestation. Il faut donc respecter cette période en répondant à son besoin de contact et en permettant à la « symbiose » mère / enfant de se poursuivre ; afin que le bébé se développe au mieux (les arguments sont très axés tout au long de l’article sur le développement du cerveau).

Cette immaturité du petit humain est observable : ses fonctions vitales ne sont pas en place à la naissance, il est entièrement dépendant. La naissance, chez l’homme, intervient en effet beaucoup plus tôt, en comparaison, que chez les autres mammifères. Cela est dû à la taille de la tête : le bébé naît au moment où la tête peut encore sortir du corps de la mère. Plus tard, au regard de la croissance exponentielle du cerveau au cours de la première année, cela deviendrait impossible… Mais cette période de croissance du cerveau se déroule ainsi avec des stimulations extérieures qui permettent au petit homme « d’affuter » son intelligence future.

Durant cette période, être près de sa mère est une nécessité vital pour le bébé : la nature nous le montre (sa survie en dépend, le fonctionnement de la lactation humaine implique que bébé et maman ne se séparent que le moins possible). Mais c’est aussi essentiel pour la maman pour qui cette proximité avec son bébé a des effets positifs sur son état. Le respect de cette étape est la condition pour que l’enfant se développe harmonieusement. Le portage, à ce moment, permettra au bébé de trouver un endroit sûr d’où observer le monde et de lui procurer tous les stimuli sensoriels qui le feront grandir. On observe d’ailleurs que le manque de contact corporel a des effets graves sur le nouveau-né : ils peuvent aller des problèmes de croissance ou de fonctionnement du système immunitaire, à la mort dans certains cas extrêmes.

Finalement porter son enfant permet de reproduire au plus près les conditions de vie du bébé dans l’utérus… un environnement adapté à ses besoins, sûr et bienveillant.

Deux textes à lire donc, pour se plonger un peu dans la philosophie du portage !

Voir mes autres notes de lecture

 
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Publié par le septembre 19, 2010 dans Porter... et lire, Porter... sur le web

 

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Notes de lecture : La peau et le toucher : un premier langage, Ashley Montagu

La peau et le toucher – un premier langage

Ashley Montagu

Editions du Seuil, 1979, 219 pages

Ashley Montagu est un anthropologue et humaniste américain (1905-1999). Auteur de nombreux ouvrages, celui-ci est un véritable plaidoyer en faveur du toucher et du contact corps à corps, qu’il juge d’une importance cruciale pour le développement harmonieux de l’être humain. Il s’appuie sur des expériences scientifiques impliquant d’autres mammifères mais aussi des observations chez l’homme, dans différentes cultures.

Il explique que la peau est le premier né de nos organes et qu’il s’agit en outre de l’ensemble d’organes le plus important, après le cerveau. D’ailleurs le sens du toucher est le premier à se développer chez l’homme.

L’auteur postule que les stimuli tactiles précoces jouent un rôle vital pour le développement du mammifère. Il analyse la pratique du léchage chez les animaux à la naissance de leur progéniture, dont la finalité semble être de « lancer » le fonctionnement général des autres fonctions vitales (génito-urinaires, gastro-intestinales, respiratoires…).

Source : Nicolas Esposito (licence CC, FlickR)

Il en conclut que les stimulations tactiles de la mère sont vitales, au sens premier du terme, pour le nouveau-né.

Chez l’homme, il suppose que ce « léchage » est en fait remplacé par le travail de l’accouchement (contractions utérines et délivrance). Mais le besoin de contact, de massage, de stimulations tactiles ne s’arrête pas à cette première étape chez le petit homme… qui par nature, naît « inachevé » (il naît au moment où il peut encore passer dans le bassin de sa mère, et non au terme de son développement général qui ne survient que bien plus tard).

A partir d’expériences scientifiques (chez les rats notamment) et empiriques, il montre que le contact et le « TLC » (tenderness love care ou tendresse, amour et soin) sont indispensables à la survie du bébé (plusieurs cas de mortalité infantile pouvant s’expliquer par cette absence de contact, quand de spectaculaires progrès au niveau de la santé de l’individu peuvent s’expliquer par une reprise des contacts tactiles).

Il déplore ainsi l’abandon du berceau, et du bercement en règle générale, à partir des années 1900, en vertu de théories béhavioristes et du diktat de l’indépendance ainsi que de la crainte de donner de « mauvaises habitudes » aux bébés… théories répandues par certains pédiatres de l’époque et qui ont été appliquées par des parents désireux de faire au mieux.

Il décrit les multiples et fabuleuses capacités de la peau dans la captation des messages, et montre qu’un besoin de toucher plus ou moins satisfait durant l’enfance précoce peut avoir des conséquences à long terme dans notre vie d’adulte (de nos goûts musicaux à nos cheveux, en passant par nos problèmes d’eczéma ou encore d’asthme).

Il s’attarde également sur l’importance d’avoir bénéficié de soins maternels satisfaisants pour développer une sexualité équilibrée.

Il propose enfin un rapide tour du monde des pratiques du toucher pour tenter d’analyser les conséquences de ces pratiques divergentes sur les hommes adultes.

« Le besoin d’une stimulation tactile tendre est un besoin primaire qui doit être satisfait pour que le bébé se développe et devienne un être humain sain et équilibré » p. 123

Ainsi le contact tactile a une importance vital à tout âge, mais plus particulièrement lors des tout premiers temps de la vie. A noter que pour l’auteur, les vêtements constituent aussi une entrave à ce contact et qu’il préconise un réel peau à peau…

Source : Aqsaran (licence CC, FlickR)

Mon avis :

Un livre intéressant dans le mesure où il cherche et propose des arguments scientifiques à une véritable théorie humaniste. Les expériences relatées sont riches en enseignements et la théorie avancée séduisante d’un point de vue moral, et éthique.

J’avoue cependant avoir parfois été un peu gênée par le « positionnement » de l’ouvrage : entre arguments scientifiques et expression d’une conviction, la frontière n’est pas toujours clairement posée… D’ailleurs l’auteur souligne à de nombreuses reprises qu’il reste beaucoup à investiguer, d’un point de vue scientifique, dans ce champ d’étude.

Mais quel plaisir de trouver un appui dans la mise à mal de la théorie du bébé tyran et de ceux qui préconisent que l’enfant doit être indépendant le plus tôt possible !

Voir mes autres notes de lectures.

 
2 Commentaires

Publié par le juillet 24, 2010 dans Porter... et lire

 

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