Bonne position
Les porte-bébés physiologiques, dont l’écharpe fait partie, reposent, comme leur nom l’indique, sur un portage PHYSIOLOGIQUE du bébé. Il faut comprendre par là qu’ils permettent de placer le bébé en position physiologique (à l’inverse d’autres systèmes de portage où l’enfant est forcément suspendu, reposant sur ses parties génitales), respectueuse de sa morphologie, mais PAS que les utiliser va automatiquement placer l’enfant dans la bonne position !
Un rapide tour sur internet (ou dans la rue) permet de vérifier que moults nouages ne sont pas réalisés de sorte que la position physiologique du bébé soit respectée : les pans de l’écharpe non déployés sur les jambes du bébé créent un appui sur les parties génitales et non sur la base, le dos de l’enfant est plaqué contre le porteur, ou au contraire pas maintenu, en raison d’un mauvais réglage de la tension du tissu…
En résumé : ce n’est pas parce qu’on met son enfant dans une écharpe qu’on le porte correctement. Mais c’est parce qu’on a une écharpe (ou autre porte-bébé physiologique adapté à l’âge du bébé) qu’on PEUT le placer correctement !
Alors comment faire pour porter bébé dans une position physiologique ?
- le bébé doit être installé correctement, en position accroupie, dite aussi position grenouille : genoux plus hauts que les fesses, et jambes écartées – plus ou moins selon l’âge du bébé. Un nouveau-né n’écarte pas du tout les jambes, les genoux s’écarteront petit à petit. Il ne faut jamais forcer cet écartement, mais accompagner la posture naturelle de l’enfant. On parle aussi « d’assise profonde » : la bascule du bassin doit être réalisée (en remontant les genoux, ce qui permet au bébé d’être assis… profondément dans le porte-bébé – mais aussi de faire en sorte que le dos s’arrondisse, cf. point suivant).
Pourquoi ? Les os des hanches ne sont pas ossifiés à la naissance. Permettre à l’enfant de s’accroupir va permettre que l’ossification se fasse correctement, dans la bonne forme.
Comment faire concrètement ? Le porte-bébé doit s’étendre du pli du genou au pli de l’autre genou, c’est un des principes les plus importants à retenir. Cela permettra au bébé de s’accroupir et ainsi il ne reposera pas uniquement sur les parties génitales. Ce billet de Ain Maternage permet de bien visualiser cette position.
- le dos de bébé doit être arrondi, de façon à ce que soit respectée sa forme naturelle (position foetale). Il ne doit donc être ni tassé (donc non soutenu – cf. point suivant), ni plaqué (donc « écrasé » par le porte-bébé qui le maintient en position droite).
- le dos de bébé doit être soutenu. En effet, à la naissance, le dos de bébé n’est pas musclé, cela se fera au fur et à mesure, en commençant par le haut (quand bébé tient sa tête) vers le bas (quand bébé tient assis, puis marche). Le porte-bébé doit pouvoir pallier cette absence de musculature, quand elle n’existe pas… ou qu’elle est inefficace parce que bébé dort (comme chez un adulte, la musculature se relâche de toute façon pendant les périodes de sommeil) ! Un bon soutien sera obtenu par une tension pli par pli du tissu, qui respectera l’arrondi du dos tout en soutenant chaque vertèbre, du bas de la nuque (pas plus haut – c’est inutile voire dangereux) jusqu’aux fesses. Si le soutien est inexistant, le dos se tasse dans le porte-bébé, et s’affaisse (comme dans un cosy). Si le dos est maintenu par un tissu trop rigide qui ne s’adapte pas à sa morphologie, il se plaque contre le porteur. Un bon soutien du dos permettra à la tête de rester dans l’axe du corps, et d’être soutenue à son tour non pas par le porte-bébé mais par le dos lui-même. Il sera alors inutile d’utiliser capuches et autres accessoires pour empêcher la tête de tomber en arrière quand bébé dort.
- l’enfant doit être en mesure de s’agripper à son porteur. L’agrippement est ce réflexe naturel à la naissance qui permet au bébé d’être actif dans son portage en utilisant tous ses membres pour s’accrocher à l’adulte qui le porte. Passé un certain temps ce réflexe se perd s’il n’est pas sollicité… ou devient une compétence dans le cas contraire. Pour favoriser l’agrippement, il faut porter suffisamment proche, et haut, afin que bébé puisse « atteindre » son porteur. Cela facilitera le portage à la fois pour le porté, mais aussi pour le porteur (l’aide de bébé « allègera » son poids).
- le bébé devra idéalement être suspendu, et non collé / plaqué au porteur. Ainsi les chocs de la marche seront mieux amortis. La suspension s’obtient avec les nouages qui ne plaquent donc pas le bébé au porteur (nouages kangourous), mais le suspendent depuis les épaules.
Ces différentes conditions forment un portage « idéal », le plus physiologique qui soit. Elles sont toutes rassemblées dans les nouages kangourous en écharpe tissée. Mais les connaître permet surtout d’optimiser tous les autres nouages et tous les autres portages, et d’être conscient de ce que tel ou tel porte-bébé permet – ou ne permet pas, pour adapter ses choix mais aussi ses temps de portage avec tel ou tel outil. Quelques aspects pratiques doivent être vérifiés :
- le bébé doit être positionné à la bonne hauteur (hauteur de bisous) – trop bas il sera plus lourd et ne parviendra pas à s’agripper
- le bébé doit être accroupi, genoux plus hauts que les fesses, et le bassin basculé vers l’avant : il doit reposer sur sa base (le bassin) : le porte-bébé doit donc aller du creux du genou au creux de l’autre genou
- son dos doit être arrondi (ni tassé, ni plaqué)
- la tête doit être positionnée dans l’axe du corps
Il est important de noter que le tissu peut bouger en cours de portage : il ne faut pas hésiter à réajuster le nouage, aussi souvent que nécessaire…
Il faut aussi retenir que finalement, une bonne position dans l’écharpe est tout simplement une position qui reproduit un bon portage à bras.
Et le portage face au monde ?
Il est déconseillé de porter bébé face au monde. La position n’est pas physiologique (colonne contre ventre, la colonne du bébé est forcément tassée), et elle est sur-stimulante pour l’enfant qui n’a aucun moyen de « repli » vers une figure sécurisante. Sans compter qu’en cas de chute ou choc divers… c’est le bébé qui assurera le rôle de pare-choc.
Le site de l’AFPB l’explique et l’illustre (voir aussi leur plaquette sur la question).
Il ne faut pas hésiter à passer sur la hanche, ou dans le dos, dès que l’enfant manifeste l’envie de quitter sa position ventre à ventre !
QUELQUES RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES SUR LE WEB :
Le site l’Arbre à bébés propose un PDF de 6 pages expliquant les principes de base d’un portage physiologique et confortable, qui énonce et illustre les principes de la physiologie respectée.
Le site Ergobaby propose quant à lui un article plus détaillé sur la bonne position du bébé porté, qui repart de l’anatomie du nourrisson (squelette et principes du développement osseux).
Le site Porter son Enfant propose aussi une page explicative sur la question, avec, comme à son habitude, de très belles photos de bébés bien portés. Une page est aussi consacrée au portage à bras, elle permet de visualiser la bonne position sans présence de l’écharpe. Elle renvoie aussi vers une discussion Doctissimo sur le sujet, pleine de photos et de très bons conseils.
Un autre visuel, sur le site Je Porte Mon Bébé, permet de voir la position correcte du bébé.
POUR EN SAVOIR PLUS :
L’ouvrage de Cécile Cortet et Céline Guerrand-Frénais, Porter mon bébé propose des explications et des visuels de grande qualité sur la question.
DVD « Un bébé, comment ça marche ? » www.bebemarche.be (des extraits sont proposés sur le site)
Océa
août 16, 2012 at 16:33
Voici un site qui explique de façon très agréable comment reconnaître les bons porte-bébé : http://www.bebeportebonheur.com/portage/comment-porter-bons-et-mauvais-porte-b%C3%A9b%C3%A9/