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La fabrication d’un poupon de portage (ou la naissance de BradPitt)

Le poupon de portage est l’accessoire indispensable de la monitrice de portage. Il sert pour s’entraîner, quand ses propres enfants ne sont pas disposés à jouer les cobayes, et il sert aussi en atelier, quand il n’y a pas autant de bébés que de porteurs, ou que les bébés, là aussi, n’ont pas envie de jouer les cobayes (curieusement quand le bébé en question est profondément endormi, les parents sont souvent plus enclins à utiliser le poupon).

Pourquoi faut-il un poupon spécial ? Le poupon de portage a comme particularité première d’être lesté. Ceci dans l’objectif de le rendre plus « réaliste » : en effet rares sont les poupées classiques qui pèsent plus de 500g, ce qui n’est pas très ressemblant avec ce que peut donner le portage d’un vrai bébé… Idéalement le poupon de portage a aussi le dos un peu arrondi, et peut replier ses genoux plus haut que ses fesses pour pouvoir se mettre en assise profonde. Car le réalisme compte pour donner confiance aux parents d’une part, mais aussi pour permettre de s’entraîner dans des conditions plus proches de la réalité (ça marche aussi avec une grosse peluche… mais disons que c’est moins pédagogique ;-)).

Les poupons de portage peuvent s’acheter tout faits. Seulement… ils coûtent un bras ! Pas moins de 70€ généralement, et plutôt autour de 100 (sans compter les frais de port). Alors une fois la formation de monitrice payée, et la collection de porte-bébés étoffée, cela fait quand même cher la poupée. Ils ne sont pas non plus si faciles à trouver : il y en a chez Renate’s (site en allemand) – d’ailleurs ils sont pour beaucoup fabriqués, et trouvables en Allemagne (une recherche sur « Tragepuppe » dans un moteur de recherche permettra d’identifier des sites comme celui-ci ou celui-là par exemple).  Je sais que Hoppediz en propose un aussi, mais il n’apparaît pas sur le site en français.

Poupons Renate's

 

Mais il est possible, à moindres frais, de le fabriquer soi-même. Voici donc le récit de ma petite expérience en la matière…

Les ingrédients

  • 1 poupon à transformer
  • 3 à 5 kilos de riz rond ou de lentilles (qui ont un bon rapport poids / volume, puisque l’espace au sein du poupon est tout de même limité et qu’il faut y caser entre 2 et 4 kilos de matière !)
  • 1 pièce de tissu (pour refermer le ventre), un carré de 15 cm de côté faisant largement l’affaire
  • 1 couche et 1 tenue bébé pour rhabiller le poupon (taille 3 à 6 mois selon la taille du poupon) !
  • des ciseaux
  • du fil et une aiguille
  • une balance (de cuisine ou pèse-personne, selon la place sur le plateau)
  • quelques paires de vieux bas ou collants (facultatif) : pour répartir le riz dans le corps du poupon
  • 1 axe en bois (facultatif, selon la forme du poupon) pour maintenir l’axe tête/ corps

Coût de l’opération : il dépendra du prix du poupon (qui peut varier beaucoup – cf. plus bas). Pour le reste, j’ai pour ma part acheté du riz rond 1er prix aux alentours de 1€ le kilo. J’avais déjà tout le reste.

Etape 1 : trouver le poupon

En premier lieu, il faut trouver un poupon qui pourra se transformer en poupon lesté. Celui-ci devra avoir plusieurs caractéristiques :

  • avoir un corps en tissu, afin qu’il puisse être ouvert, puis rempli et surtout qu’il puisse adopter une position modulable (pas facile avec un poupon en plastique ou en porcelaine ;-))
  • le corps d’un seul tenant, c’est-à-dire pas de coutures au niveau des épaules et du haut des jambes pour tenir les membres (cela peut se faire avec ce type de poupons cousus mais c’est plus difficile – les ouvertures et re-coutures devront être faites 5 fois, une fois pour chaque membre et une fois pour le ventre – et le réalisme est moindre).
  • un air sympathique, et au moins qu’il ne fasse pas peur (c’est peut-être un peu subjectif, mais c’est hyper important !)

Au niveau de la taille, on peut aller de 40cm à 60cm environ, selon que l’on veut une poupée de type nouveau-né pour les nouages ventraux, ou un « grand » poupon qui servira davantage à monter les nouages latéraux et dorsaux. Le poupon « passe-partout » est celui de 50cm environ.

Où chercher ? Il y a plusieurs solutions, plus ou moins économiques… et plus ou moins chronophages ! Elles sont classées ici par ordre de prix croissant (et ordre de temps décroissant ;-)) :

  • arpenter les brocantes et vide-greniers pour trouver son bonheur. J’ai testé… et après plusieurs semaines à ne voir que des poupées en porcelaine, voire des poupées avec juste la tête (j’en frémis encore), j’ai fini par renoncer. Déjà je ne suis pas chineuse dans l’âme… l’espoir de trouver une poupée qui corresponde à ce que je cherchais pour quelques euros s’est amenuisé au fil du temps (perdu). Ceci dit je ne dis pas que ça ne peux pas marcher, mais il faut compter sur sa chance ou avoir un peu de temps devant soi
  • tenter les magasins de type « foire à n’importe quoi » et bric à brac. Là encore, il faut compter sur un peu de chance, mais elle reste plus élevée qu’en brocante !
  • acheter une poupée en magasin de jouets. C’est la solution que j’ai finalement adoptée après l’échec des deux premières. Mais même là ce n’est pas si simple : déjà il n’était pas question pour moi de mettre plus de 20€ dans une poupée destinée à se faire ouvrir le ventre (la poupée lestée Corolle ça fait quand même mal au porte-monnaie), et puis il faut constater que moults modèles sont équipés d’options sophistiquées totalement contre-productives au vu de mes objectifs (la poupée qui fait pipi n’était en effet pas envisageable, et non je ne voulais vraiment pas la poupée avec poussette, transat, chaise haute ou table à langer). Et je ne parle pas du fait que la majorité des poupées sont minuscules (autour de 36cm). Bref, là où je suis allée, et avec mes critères, il me restait… 1 modèle. C’est donc celui que j’ai pris, un grand poupon de 60cm pour 20€.

L'heureux élu

Etape 2 : préparer le matériel

Il s’agit là de simplement sortir tout ce dont on aura besoin au cours de la fabrication (cf. liste des ingrédients). Eloigner si possible les enfants de l’espace de travail peut se révéler judicieux (ciseaux et aiguilles sont en effet dans les parages… sans parler du riz qui a tendance à s’éparpiller, pour la plus grande joie des petits qui aiment ramasser et manger tout ce qu’ils trouvent… comment ça, ça sent le vécu 😉 ??).

Etape 3 : éventrer le poupon

Attention : âmes sensibles s’abstenir !!

On prend les ciseaux et on fait une coupe au niveau du bas ventre sur une dizaine de centimètres, dans le sens de la largeur. Retirer la mousse, mais ne pas la jeter car elle sert ensuite à rembourrer le poupon et à caler le riz.

La découpe du ventre...

... et l'extraction de la mousse

Etape 4 : lester le poupon

Il faut d’abord calculer le poids de riz (ou lentilles) qui sera mis dans le poupon. Pour ce faire, on pèse le poupon une fois vidé de sa mousse et on fait la différence avec le poids final visé. Voici quelques mesures pour donner un ordre d’idée : pour un poupon de 40cm, compter qu’il devra peser 2kg environ ; 3 kg pour un poupon de 50cm et 4,5kg pour un poupon de 60cm.

Je ne l’ai pas fait mais je crois qu’il serait utile en fonction du poids à « insérer » de décider avant quel poids de matière doit aller dans chaque membre : ça évite de se poser la question au fur et à mesure et cela permet de s’assurer qu’une jambe ne pèsera pas le double de l’autre ! Attention à compter que la tête doit peser relativement lourd par rapport au poids total, toujours dans un souci de réalisme (pour ma part je crois y avoir mis près d’un kilo…).

On commence alors à insérer le riz ou les lentilles dans le corps du poupon. J’ai souvent vu que l’on conseillait de placer le riz dans des vieux bas ou collants, pour éviter qu’il ne se répartisse mal ou se déplace trop dans le corps au fil du temps. Pour ma part, j’ai commencé ainsi mais j’ai finalement renoncé, car j’utilisais la mousse pour caler le riz aux endroits adéquats (ce qui m’évitait de transvaser le riz dans les bas, opération un peu pénible, à plus forte raison quand le bas est filé et laisse donc passer les grains de riz : penser si on procède ainsi à correctement nouer les extrémités pour éviter ce désagrément). Je n’ai pas encore de problèmes de riz qui se déplace… mais mon poupon est encore jeune !

L'insertion du riz dans un vieux bas

J’ai commencé par les jambes : attention à préserver la « cassure » des genoux pour la position accroupie : en mettant du riz en bas, puis de la mousse au niveau du genou, puis de nouveau du riz au niveau de la cuisse. Caler au fur et à mesure avec la mousse si nécessaire, en fonction de la quantité de matière à insérer (je pesais pour ma part au fur et à mesure pour m’assurer du bon déroulement de l’opération).

La première jambe

J’ai ensuite procédé au remplissage des bras, selon le même principe que les jambes.

Le remplissage des bras

J’ai continué avec la tête. Celle de mon poupon était prolongée à l’intérieur du corps par un gros axe en plastique qu’il suffisait en fait de tirer pour accéder au « creux » du crâne (bon, je l’ai découvert après avoir découpé le bout de cet axe… mais c’est pas grave j’ai refermé avec de la mousse ;-))

Bourrage de crâne (attention photo potentiellement traumatisante)

Selon l’allure du poupon ainsi constitué, il peut être utile de placer un axe en bois de la tête jusqu’au milieu du ventre afin que le poupon tienne sa tête et sa « posture ». Je n’ai pas eu à le faire car d’une part le mien était déjà bien calé, et d’autre part car il avait déjà cet axe avec le morceau de plastique qui fixait la tête au corps.

L'axe en plastique partant de la tête jusqu'au milieu du ventre (qu'il suffisait donc de retirer... et pas de découper)

On finit par le ventre, en continuant à bourrer avec la mousse, jusqu’à ce que le poupon ait une allure… de bébé ! On pèse le résultat final avant de passer à l’étape suivante.

Le rembourrage final...

Etape 5 : refermer le poupon

On place le carré ou rectangle de tissu sur l’ouverture du ventre (qui doit être plus large vu que le poupon est plus rempli !) et on coud.

Etape 6 : les finitions

On met une couche au bébé (j’ai pour ma part rajouté de la mousse dans la couche afin d’accentuer la largeur de son assise – certains préfèrent mettre des couches lavables qui sont effectivement plus rembourrées), et on l’habille !

La mise en place de la couche - rembourrée

Le rhabillage (avant relooking) et la pesée finale

Vérification (et accentuation) de la cassure des genoux pour la position accroupie

Conclusion

Fabriquer son poupon est une activité ludique, qui revient moins cher que l’achat d’un tout fait. Néanmoins cela prend naturellement plus de temps, pas tellement pour la réalisation qui est vraiment rapide (je dirais une grosse demi-heure si l’on est sans enfants à surveiller, une heure avec), mais surtout pour trouver et rassembler le matériel… et notamment le poupon !

Au niveau du résultat, je trouve que cela n’est pas si mal, même si les genoux doivent un peu s’assouplir, et que le dos est plus droit qu’arrondi… Du coup l’assise profonde n’est pas, il faut l’avouer, parfaite. Mais il est tout à fait utilisable comme tel, y compris pour montrer les principes d’un portage physiologique.

Voici donc comment BradPitt a fait son entrée à la maison… pour le plus grand bonheur de ma fille. Pourquoi BradPitt alors ? Parce qu’il les fait toutes craquer 😉

Remerciements et crédits 🙂

Je remercie mes compagnonnes de dépeçage de poupon, Audrey et Marie. Marie a travaillé sur un poupon plus petit, avec des coutures au niveau des bras et des jambes. Le voici au moment de la couture finale :

Au final : plus pénible de découper / recoudre plusieurs fois, et les mêmes défauts que le mien au niveau de l’arrondi du dos (il est peut-être même plus droit encore). Mais faisable quand même !

Crédit photos : Audrey (auteur des 221 photos prises durant cet après-midi, parmi lesquelles celles qui ont servi à illustrer ce billet).

Et désolée d’avoir mis tant de temps à l’écrire, ce billet… maintenant on va dire que c’est mon cadeau de Noël 😉

 
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Publié par le décembre 20, 2010 dans Autour du portage, Trucs et astuces

 

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